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Blouse blanche et médias: le cas Dallas buyers club

Affiche de Dallas buyers club

Avez vous eu la chance de voir au cinéma le film Dallas buyers club? Un excellent film en bonne place pour les Oscars. Ce film est vraiment bon mais en sortant de la séance j’avais une impression mitigée quand aux donnée médicales avancées. Je vous en fait aujourd’hui la dissection.

L’histoire: blouse blanche et drogues expérimentales

Dallas buyers club relate l’histoire vraie  d’un cow boy qui contracte le virus du SIDA dans les année 80, peu de temps après la découverte même du VIH, lors du balbutiement des premiers traitements. Il est d’ailleurs intéressant de découvrir l’ambiance qui régnait à l’époque dans le milieu médical.

Le héros se voit tout d’abord prescrire par les blouses blanches de l’azidothymidine à forte dose, appelée dans le film AZT. Ce traitement était en phase tests contre le placebo (double aveugle). l’AZT était alors le seul médicament autorisé par la FDA (autorité du médicament) aux Etats Unis.

Devant l’accumulation d’effets secondaires le héros se tourne vers des traitements alternatifs avec en particulier le peptide T, les vitamines, puis le composé Q et l’interféron alpha.

Le film avançant les effets de l’AZT sont présentés comme dévastateurs, et le héros qui entre temps fourni tous les séropositifs de Dallas en médicaments survit bien avec ses traitements alternatifs.

A la fin du film la sensation est vraiment que l’AZT est un mauvais traitement, et qu’il existe un pseudo complot de la FDA contre le héros et ses traitements présentés comme efficaces. Cependant à la dernière seconde avant le générique, un phrase interpelle: « l’AZT a sauvé des millions de personnes ».

Dissection des fait médicaux

Pot d’AZT

Et voici mon analyse, après recherches, il s’avère en effet que l’AZT est un traitement efficace qui ralentit la progression du VIH. Seules les doses utilisées à l’époque étaient trop élevées et provoquaient les effets indésirables. On avait très peur du virus et donnait des doses trop fortes… L’AZT est d’ailleurs encore indiqué en combinaison avec d’autres antiviraux. Une article scientifique de The Lancet est d’ailleurs présenté à charge contre l’AZT dans le film, à la lecture de cet article scientifique rien n’est si clair.

Concernant les traitements utilisés par le héros, il s’avère que le peptide T, dont le film semble faire l’éloge, est une vaste fraude, qu’aucun effet ne lui a jamais été attribué, et qu’il ne sera jamais utilisé pour soigner les séropositifs. Il est aussi préconisé une meilleure hygiène de vie ce qui a certainement contribué de manière majeure à la survie des séropositifs. Enfin d’autres traitements moins fantaisistes sont utilisés, c’est le cas de l’interféron alpha ou du DDC qui fut par la suite approuvé par la FDA. A noter que le DDC fait partie de la même classe thérapeutique que l’AZT.

Passons ensuite à la rigidité de la FDA qui lutte tout au long du film contre notre héros. Le sentiment est vraiment proche d’un complot. Mais lorsque l’on retrace les faits il s’avère que la FDA s’est juste montrée prudente, l’AZT approuvé était bien efficace, et les autres molécules efficaces ont été approuvées par la suite à l’issue des tests.

Il est indescent de reprocher à la FDA sa prudence. Cependant les réactions vives suscitées dans le film sont certainement dues au fait qu’à l’époque le SIDA tuait énormément et n’avait aucune ligne thérapeutique autre que l’AZT. Les patients auraient certainement préféré être traités par des drogues expérimentales, même si ces dernières pouvaient être délétères.

Enfin parlons de l’horrible médecin qui veut utiliser les patients pour faire de la recherche clinique… Pas besoin de s’étendre là dessus, vous aurez compris que pour évaluer l’efficacité des traitements sur l’homme les blouses blanches n’ont pas d’autres choix!

Biologie VS médias

Le film relate donc très bien le sentiment du principal protagoniste au cours de sa vie, sentiment qui finalement était assez éloigné de la réalité et uniquement empirique. Ce qui est inquiétant c’est que comme souvent avec les médias, le message délivré soit si biaisé sans qu’aucun avertissement plus important aux téléspectateurs ne soit fait.

Quiconque visionnant ce film n’aurait certainement pas envie de se faire traiter par AZT, mais plutôt par peptide T, ce qui est une erreur scientifique.

Florian Ronez

Après un cursus scientifique en biologie et biochimie, je me suis spécialisé en microbiologie, avant de faire une thèse de doctorat sur la valorisation d'une protéine microbienne d'intérêt. Durant cette thèse un master en management et gestion des entreprise m'a permis de compléter mes compétences. Et c'est à l'issue de ce parcours que je crée YouLab.

Voir les commentaires

  • Je viens de voir ce film qui m’a passionné de bout en bout, l’histoire de ce « cowboy » qui, contre vents et marées, réussit à survivre 7 ans au VIH alors qu’il ne lui restait en théorie que 30 jours à vivre, est exceptionnelle. Sans compter le jeu de l’acteur principal qui est bluffant.
    Par contre, je suis très dubitatif sur la conclusion de ce petit article. L’analyse elle-même relève du bon sens et n’appelle que peu de critiques, par contre on tique quand même sur le soutien un peu trop appuyé de la FDA qui dans cette affaire devait certes faire preuve de prudence mais était-elle pour autant obligée de s’acharner sur Ron Woodroof comme elle l’a fait ?

    Evidemment il y avait de l’empirisme chez le héros mais avait-il le choix ? S’il avait suivi un protocole d’AZT à l’époque il serait mort au bout de quelques semaines.

    Son choix de prendre du Peptide T, des vitamines, des minéraux, de vivre sainement lui ont incontestablement sauvé la vie pendant 7 ans .

    Ce sont des faits qu’il n’est pas possible de nier, donc affirmer - qu’à l’époque - se faire traiter par Peptide T aurait été une erreur scientifique est d’une mauvaise foi presque ubuesque, puisque c’est précisément l’inverse. C’est l’AZT tel qu’il a été prescrit pendant des années qui a été une énorme erreur scientifique, combien de morts à court terme à cause de ce traitement ?

    Ce n’est pas parce que, depuis et heureusement, les scientifiques ont corrigé le tir qu’il faut minimiser l’efficacité du traitement « inventé » par Ron Woodroof.

    Comme souvent, on aimerait attendre des scientifique qu’ils soit plus humainement rationnels et moins dogmatiques.

    Je précise que je n’ai aucune compétence scientifique et donc aucune qualité à formuler une critique sur le fonctionnement des recherches médicales, mais je pense malgré tout, comme Woodroof, qu’un peu d’humanité et de bon sens ne fait pas de mal.

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Florian Ronez

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